PRIX DES AUTEURS INCONNUS 2024 / ROMANCE : JE VAIS DECOINCER MON BOSS / A.D.MARTEL

 


Une romance électrique, enlevée, au rythme haletant, qui parfois utilise des facilités mais rebondit grâce à des personnages originaux. 

!! cette chronique contient des spoilers !!

LE RÉSUMÉ

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la mission d'interim de Luna dans une grande entreprise de technologies ne se passe pas forcément au mieux : entre les pics d'une collègue croisée vipère et l'aura mystérieuse du PDG, difficile pour la jeune femme gauche et fantasque de trouver ses repères. Un soir d'extra dans un hôtel, elle se retrouve mêlée bien malgré elle à une affaire qui va la rapprocher de Sung-Jae Park, qui ne va bientôt plus être un simple boss pour la jeune femme...

LA CHRONIQUE 

Voici un roman dans l'air du temps, fortement emprunt de culture asiatique, et qui dépeint les déboires d'un personnage de girl next door, précipitée dans la sphère enivrante et déstabilisante d'un grand patron aussi froid que juste, et dont la carapace va demander à notre héroïne de nombreux efforts pour envisager la percer, même un peu. 

Le style de l'autrice est très enlevé, rapide, palpitant, chargé d'action, d'humour et d'une pointe sexy, et elle précipite sa pauvre narratrice dans des péripéties incessantes, pas toujours parfaitement crédibles, mais qui, happées dans le sens du rythme de A.D.Martel, se laissent parcourir façon tourbillon. On se surprend à nouer un lien empathique assez important avec Luna, et à vouloir sincèrement que sa vie trouve enfin l'élan qu'elle mérite. 

Le roman dépeint une relation qui se rapproche d'un enemies to lovers sans pour autant tomber dans les clichés du genre, et avec une vraie volonté de creuser et détailler les deux personnages principaux, en leur donnant profondeur, passé, faiblesses, doutes et espoirs. C'est un des aspects les plus réussis du manuscrit, et permet de passer outre certaines facilités scénaristiques. 

Une peinture assez grinçante est faite du monde du travail, de son emprise parfois noires sur les gens, et du côté implacable des relations entre collègues, qu'elles soient cordiales ou tendues. On ressent la frustration de Luna, née pour être créative, et forcée à cumuler les boulots plus ou moins ingrats pour payer son loyer. On perçoit aussi, malgré tout, la bonne volonté de la jeune femme, qui essaie de passer outre ses propres démons pour tenter de dompter ceux de Sung-Jae. Les deux personnages, bien que fondamentalement opposés, se trouvent une longueur d'onde similaire basée sur une attente de la vie qui dépasse ce qu'on leur prête. 

Cependant, un des aspects qui, personnellement, m'a dérangée, est d'avoir propulsé les deux personnages vers une relation fraternelle ouverte, défendue et célébrée, avant de briser ce lien pour le passer vers une relation amoureuse. Cette étape semble superflue, tant le lien amical qui s'installe petit à petit entre les deux protagonistes n'a pas besoin de redite pour se transmettre au lecteur. 

Il faut aussi souligner une volonté de l'autrice de capturer des situations complexes, parfois très injustes, et de dépeindre des relations intra-familiales noires et qui ne font qu'augmenter encore l'empathie ressentie pour Luna. En définitive, c'est une jeune femme moderne, créative, à qui la vie n'a pas forcément fait de cadeau, mais qui tente de tirer son épingle du jeu. Difficile de ne pas connecter avec pareille protagoniste. 

Pour conclure, voici un roman à mettre entre les mains de lecteurs en recherche de romances dynamiques, piquantes, à la construction parfois incertaine, mais qui ne manque pas de charme. 

LA NOTE 




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