SERVICE PRESSE SIMPLEMENT PRO : PETER HOWELLS ET LE MONDE D'HADDGARD / MARIA PATTERSON
Un roman jeunesse dans la lignée du sorcier anglais, inégal dans sa structure mais riche de beaucoup d'idées prometteuses
Le pitch :
Dans la famille de Peter, entre le père autoritaire dans un costume trop grand, la mère coureuse de ragots et la sœur qui avalerait la planète si elle le pouvait, le garçonnet de onze ans peine à trouver sa place. Un jour, une étrange créature arrive de nulle part et lui apprend qu'il a des pouvoirs. En basculant dans le monde d'Haddgard, Peter va réaliser que sa destinée est bien différente de celle d'un garçonnet un peu lunaire. Magie et créatures belles et terrifiantes l'attendent, ainsi qu'une nouvelle famille qui ne le regarde pas comme un jouet cassé...
L'avis général :
De prime abord, le roman ne fait pas exactement penser à un roman jeunesse proche des Harry Potter et autres Percy Jackson. Au contraire, par la description première des personnages, on retrouve presque la touche d'absurdité d'auteurs comme Roald Dahl. La famille de Peter est construite par ses contradictions et ses obsessions, et malgré un style fluide et aérien, les premières pages peuvent prendre le lectaire à contre-courant, faisant presque craindre une peinture de la bourgeoisie d'un Paris hors du temps.
Cependant, les éléments fantastiques se mettent petit à petit en place, par l'arrivée de ce personnage étrange et charmant, Gabi, l'elfe. Dans un premier temps, on perçoit assez clairement l'inspiration Dobby-esque par les facéties de la créature et son attachement presque systématique à Peter, mais il ne prend de Dobby qu'une base initiale avant de sortir du cadre et imposer ses propres codes. L'autrice n'hésite pas à jouer avec les éléments un peu dégoûtants propres à la magie (les potions à base de créatures puantes, les crachats pour soigner les blessures...) pour stimuler les sens du lectaire, et rendre les situations palpables.
L'arrivée de Gabi propulse Peter dans une situation inédite, et un parallèle assez intéressant s'installe entre le destin du personnage qui s'impose très vite comme en dehors de la réalité dans laquelle il a grandit, et une incompréhension grandissante de la part de ses parents, voire même des traits qui se rapprochent de la neurodivergence. La visite chez le psychologue, tout à fait farfelu et sympathique dans sa différence, renforce le propos général qui tend à louer l'anormalité et pointer du doigt les nombreux vices et contresens des gens dits "normaux". On y trouve là un message inspirant, et qui fera sans aucun doute impact chez les jeunes esprits confus par une incapacité à trouver une place dans le monde banal.
On regrettera un manque de solidité dans la structure narrative du roman, qui tend à enchaîner des éléments et des scènes qui, parfois, peinent à trouver leur sens et manquent du cadre dont on a besoin en tant que lectaire pour comprendre totalement le monde que l'autrice construit. Cependant, l'extrême créativité des situations, des personnages et de la mythologie de ce monde dans lequel Peter va se retrouver compense le manque de construction des fils narratifs par un feu d'artifice permanent de situations, d'obstacles et de connexions crées entre les personnages.
Ici et là, certaines références sont un peu évidentes. Par exemple, l'elfe Galadriel et le personnage Mordor manquent de subtilité, tout comme certaines scènes qui font écho directement à Harry Potter (l'aquarium qui est référence au zoo du premier tome, le comptoir des trois chaudrons, les sucreries au goût de WC...). C'est dommage, parce que toutes les autres idées sont tellement originales, qu'on tend à se focaliser sur ces détails.
De façon générale, les thèmes exploités sont dans la lignée classique (famille de sang VS famille de cœur, sacrifice, amitié, destinée hors du commun...) mais restent traités avec une vraie dynamique novatrice et propre a l'univers et au folklore interne de l'univers crée par l'autrice. Attention cependant au grand nombre de personnages qui arrivent dans un moment charnière entre les chapitres 8 et 11, et qui peuvent être confus dans leur variété, notamment les trois sœurs qui peinent à se démarquer.
Le style de l'autrice est agréable à lire, imagé et riche. Les champs lexicaux sont recherchés et adaptés, et les figures de style parviennent à donner du relief et de la vie au texte et aux personnages.
Pour conclure, le roman est prometteur, les idées sont riches et porteuses, mais les scènes manquent de liens qui permettent de les connecter entre elles, et elles sont souvent trop rapides et trop chargées pour en apprécier les tenants et les aboutissants profonds. Peter Howells Et Le Monde d'Haddgard est sans conteste un premier tome intéressant, et Maria Patterson est à surveiller de près.
Ellexa a aimé :
- le propos sur la différence
- la très grande variété de créatures et de repères mythologiques
- l'humour de l'autrice
- l'utilisation de l'absurde
- le manque de subtilité de certaines références
- le rythme parfois trop soutenu quand on aurait besoin de marquer des points de repères et de plus creuser pour comprendre les situations
- l'arrivée brusque des personnages importants, qui auraient eu besoin de plusieurs chapitres pour leur donner à tous une vraie introduction
Commentaires
Enregistrer un commentaire