PARTENARIATS SAISON 2023-2024 : DONOVAN / ALEC KRYNN

 Une romance MM puissante, envoûtante, qui sent bon les grands espaces et revisite merveilleusement le thème de l'homosexualité chez les Cow-Boys. 

Le résumé :

Peter rentre dans son Texas natal après avoir voyagé par le monde. S'il est ravi de retrouver sa douce mère, son père lui réserve un accueil glacial. Il le force à devenir l'apprenti de Donovan, son homme de main, pour lui apprendre les rudiments de la gestion de l'immense ranch familial. Peter y a laissé des souvenirs traumatiques, qui ont vite fait de revenir le hanter. Son nouveau mentor est rustre, pas franchement pédagogue, mais un lien se tisse entre les deux hommes. 

Et si cette expérience d'abord malheureuse s'avérait bien plus riche que le jeune homme ne l'avait prévu ? 

Et si Donovan avait bien plus à offrir que la seule transmission du métier ? Très vite, Peter est en proie a des sentiments qui ne lui sont pas familiers, mais la meilleure façon de résister à la tentation, c'est bien d'y céder...

La chronique :

Quiconque connaît la plume puissante et élégante d'Alec Krynn est en droit d'attendre ici un récit captivant. Et l'auteur ne déçoit absolument pas, en signant une romance forte, engagée, qui va tout emporter sur son passage telle une tornade Texanne. 

La mise en place du contexte est diabolique d'efficacité. Dès les premières pages, grâce à une parfaite maîtrise des personnages, le décors est planté, réaliste, facile à se représenter, et chargé du passé complexe du protagoniste. La narration de première personne est ici particulièrement éloquente, et nous permet de rentrer dans les émotions de Peter et de se les représenter avec facilité. Oscillant dans un arc-en-ciel de sensations, il nous emmène dans les méandres tortueux de son esprit. 

Alec Krynn fait le choix de ne se concentrer que sur une poignée de personnages, et donne ainsi au récit un côté calibré et maîtrisé. Il ne s'éparpille jamais, et distribue les émotions avec une véritable volonté de les faire monter crescendo. Les protagonistes pourraient tous faire penser à de grands archétypes (la mère protectrice, le père incapable d'aimer, le fils gâté, l'employé brutal, l'amie séductrice...) mais Alec les casse tous avec une certaine délectation, pour nous offrir un portrait vibrant de figures originales et uniques. 

Le lecteur s'enflamme très vite, envouté par cette construction intense. L'auteur est coutumier du choix de la qualité plutôt que de celui de la quantité, y compris dans les lignes narratives. En plus de l'histoire qui se noue entre Peter et Donovan, Alec se concentre sur les liens familiaux et amicaux, et sur l'impact que le passé peut avoir sur le futur, sans jamais tomber dans les clichés du genre. Au lieu de facilités, il creuse le lien entre Peter et sa mère, entre Peter et Alicia, son amie d'enfance, entre Peter et son père, pour dessiner une brillante toile qui articule le protagoniste autour de son univers, et montre comme les influences extérieures colorent les émotions intérieures. 

Le style d'Alec est fidèle à son œuvre : riche, complexe sans jamais être incompréhensible, avec une vraie utilisation subjective des niveaux de langage et des champs lexicaux. Les dialogues sont vifs et palpitants, et les descriptions permettent de planter le décor sans pareil du Lone Star State. Cependant, jamais on ne tombe dans les clichés du genre. Si on ferme les yeux, on fait un aller simple pour le Texas. 

On pourrait redouter l'archétype du genre réchauffé des cow-boys qui explorent leur sexualité l'un avec l'autre, très présent dans la culture depuis Brokeback Mountain, ou plus récemment, Strange Way Of Life d'Almodovar. Mais il ne faut pas se formaliser de cette influence culturelle, tant Alec prend à coeur de revisiter le genre et lui offrir un nouveau souffle. Jamais on n'a l'impression de se faire raconter une histoire commune, ou déjà vue. Les lignes sont originales, le traitement est créatif et profond, et le résultat est quasi-parfait. 

Enfin, difficile de ne pas souligner l'engagement pur dans l'histoire racontée. Jamais Alec ne se confond dans une ultra-justification de la sexualité des personnages. Au lieu d'en faire un roman activiste et revendicateur-ce qui ne serait pas le meilleur choix ici même si ces romans sont plus que jamais nécessaires-Alec intègre une forme rafraichissante de normalité totale dans cette histoire : un homme tombe amoureux d'un autre homme, quoi de plus naturel ? 

Attention, spoiler !

Vous êtes prévenus...

L'immense force de ce manuscrit, c'est sa peinture des relations physiques entre deux hommes qui parvient à être sensuelle, érotique, même, sans jamais mordre la ligne de la vulgarité. On ressent le frisson exquis de la connexion des corps, et la température monte de façon significative d'une page à l'autre. Même pour un lecteur profane dans le genre de la romance gay, la subtilité du travail de l'auteur rend ces scènes abordables et délicieuses à lire. En ce sens, il est conseillé d'acquérir la version papier du roman...C'est plus simple pour s'en servir comme éventail au plus chaud de l'action ! 

Pour terminer, ce roman est le parfait compagnon des froides nuits d'automne, et trace son propre chemin dans un genre qui peine à se renouveler. Faites confiance à Alec Krynn pour vous faire passer un bon moment...Et réchauffer la température de quelques degrés. 

La note :

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