CAFÉ DES AUTAIRES : L'ANGOISSE DE LA MAUVAISE CRITIQUE...
je me suis tellement amusée à créer cette horreur de typo, on dirait qu'elle sent la poubelle et le vieux fromage |
Est-ce un phénomène saisonnier qui arrive avec l'automne ? Une maladie post-été ? Un symbole de ce monde qui ne va vraiment pas très bien...Quoiqu'il en soit, j'ai assisté ces jours-ci à une déferlante de posts et de stories d'autaires qui venaient de prendre en pleine tronche des mauvaises critiques. Certaines avaient un semblant de fondement...D'autres, beaucoup moins.
Alors il est grand temps de prendre un petit moment pour faire du bien à nos petits coeurs fragiles d'autaires, déjà bien malmenés par l'ambiance générale et la nouvelle loi sur les frais de ports qui impactent façon météore à tête chercheuse les indépendants, pour essayer de désarmer une étape que nous connaitrons tous, à un moment donné, pour une raison toute simple (et je veux que vous répétiez ce mantra jusqu'à ce que ça rentre) : ON. NE. PEUT. PAS. PLAIRE. A. TOUT. LE. MONDE.
Cela fait partie des choses qui nous sont répétées, et qui font sens, mais qu'on a tous un peu de mal à totalement accepter. Prenez un concept tout simple : un échantillon de cent personnes à qui on demande quelle couleur est leur préférée. On est d'accord que les couleurs, elles ont pas besoin de notre avis pour exister. Et pourtant, vous allez vous retrouver avec un panel vaste de réponses, certains aimeront le bleu, d'autres le vert, le rouge, et puis parfois, ils auront même des couleurs détestées. Par exemple, dans mon cas, le orange et le jaune ne mettent mal à l'aise quand elles sont utilisées seules. Inexplicable, et pourtant bien sensible.
Le cerveau humain est ainsi fait. Nous sommes une addition façon alchimie d'expériences, d'hormones, de souvenirs et d'apprentissages, ainsi que de qualités et de défauts. Elles nous donnent notre identité. Et c'est impossible d'accorder tout le monde sur vos écrits. Même si vous aviez le talent de mille muses, ce serait tout de même purement utopique.
Et vous savez quoi ? C'est une bonne chose. Cela nous permet de lier des amitiés, de créer des communautés, de tisser des relations avec des semblables, et d'apprécier la richesse de la différence.
Mais quand on se retrouve face à une mauvaise critique...Brusquement, l'attaque peut être réelle et ça fout une journée en l'air. Il est temps de désarmer ces instants glaçants, de les relativiser, et surtout, de mieux les vivre.
LE CAS DE LA DYSPHORIE SENSIBLE AU REJET
Il faut cependant noter que si les critiques vous mettent dans des états incontrôlables, vous font du mal, et entament sérieusement votre confiance en vous et en votre plume, il existe une pathologie psychiatrique qui vous affecte peut être. Cela s'appelle la DYSPHORIE SENSIBLE AU REJET (DSR), c'est une pathologie adjacente à un trouble du spectre autistique, à un trouble de l'attention (TDAH), à un contexte de choc post traumatique simple ou complexe (PTSD/CPTSD), à l'hypersensibilité ou aux hauts potentiels intellectuels ou émotionnels (HPI/HPE). Dans ce cas, la critique la plus minime est perçue comme un violent rejet et conduit à des comportement extrêmes qui peuvent aller jusqu'aux idées noires. Si les critiques vous terrifient, et vous rendent physiquement malade (montée de stress, attaque de panique, nausée, migraine, vertige, palpitations, crises de larmes incontrôlables...), rapprochez-vous de vos centres médico-psychiatriques locaux qui pourront vous aiguiller gratuitement vers un psychologue ou un psychiatre, et qui seront à même de vous aider à ne plus vivre cela comme un traumatisme.
TYPOLOGIE DE L'AUTAIRE DE LA MAUVAISE CRITIQUE
1 . Le troll des cavernes
*volonté de faire du mal : 97,99%
*chance de lecture totale préalable : inférieure à 10%
Le troll des cavernes est un spécimen tout particulier. Il frappe sans préavis, est généralement cinglant, court et n'a rien de mieux à faire de son temps. Venu d'un temps révolu, il est souvent du genre masculin (ou affilié) et aime s'en prendre aux autrices de romance, mais ce n'est pas une règle systématique.
Exemples de critiques de trolls des cavernes :
"J'ai lu trois pages et j'ai jeté le roman, c'est nul"
"Encore une romance débile écrite par une femme, c'est chiant à mourir"
"La prochaine qui utilise le langage inclusif je porte plainte"
Le troll des cavernes est, malheureusement, un spécimen de plus en plus répandu et qui s'épanouit au contact des tentatives de réponses de la part des victimes. Il ne faut absolument pas rentrer dans son jeu, ni tenter de le raisonner. Si vous le pouvez, une fois le troll identifié, ignorez le commentaire. Au pire, tentez le vaudou, ça ne peut pas faire de mal. Dans tous les cas, rien à retirer de ce commentaire, qui, le plus souvent, n'a rien à voir avec le récit.
2. Le troll des forêts
*taux de critique constructive : inférieur à 20%
*volonté de faire du mal : 89,76%
*taux de critique constructive : entre 30 et 40%
*volonté de faire du mal : inférieure à 60%
Vous étiez prévenus, celui-là fait très mal. Il a même des sous-catégories : fan d'un ouvrage précédent, fan de tous les ouvrages précédents, membre de la famille, amis, mentor...Mais la claque est ici la plus forte, parce que la plupart du temps, on peut considérer que le soutien de ces gens nous est acquis.
Eeeeeeh ben non. Le choc est rude.
Exemples de critiques des supporters :
"J'avais adoré son premier roman, et j'attendais la sortie de celui-ci avec impatience, mais j'ai été tellement déçu..."
"Je recherche encore la force et les émotions de l'autre roman, et je n'y ai rien retrouvé dans celui-ci. A se demander si c'est bien le même autaire !"
"Bon, ben je crois que je préfère encore relire le précédent...Tant pis, je me suis peut-être trompé sur l'autaire."
Pour toutes celles et ceux à qui ce n'est jamais arrivé, je sens bien que je viens de créer une bonne petite phobie. Pardon.
Pour les autres...Cette critique-ci est, et de loin, la plus virulente, et la plus difficile à digérer, puisqu'elle vient de là même où on possède notre propre sanctuaire sécurisé.
Dans la mesure du possible, une fois le choc initial passé, essayez d'en savoir plus. Ces avis n'ont pas forcément raison, mais ils défendent une vision de votre travail, et prendre connaissance de ce qui a pu changer peut vous permettre d'avoir une meilleure vue d'ensemble de vos futurs projets, voire des futures corrections et réécritures. Parfois, cela peut venir d'une tension entre vous, ou d'une volonté de vous faire payer quelque chose. C'est capital d'identifier ces avis-là, pour éviter qu'ils ne prennent une importance et soient considérés comme à prendre au premier degré. Accessoirement, cela risque de régler votre désaccord avec la personne-tout n'est donc pas perdu.
Parfois, la critique vient aussi d'une perception erronée de qui vous êtes. Par exemple, écrire de la Dark Romance, ou un roman policier très noir et très violent, peut conduire à ce que les gens vous regardent autrement. C'est compliqué de lutter contre, parce qu'on expose toujours une partie de nous qui était planquée jusque-là dans nos écrits. Il faut apprendre à composer avec, et surtout, faire comprendre que cela ne change pas qui vous êtes, mais que vous avez le droit-et le devoir, presque-d'explorer ces facettes de votre imaginaire.
Et puis il arrive qu'elle soit exactement telle que présentée : une vraie déception. Sans aucun autre agenda. Et c'est sûrement la plus dure des réalités, parce que rien ne vient mettre un grain de sable dans la machine.
Cependant, gardez à l'esprit que vous allez trouver votre public. Ce n'est pas forcément vous qui avez tort. Les gens changent, les avis se font et se défont, et peut-être que la critique acerbe sera une louange dans quelques années.
Le plus important à mémoriser et ranger dans un coin de votre banque de données personnelles, c'est que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais qu'ils changent, évoluent, se façonnent, et qu'une critique un jour n'empêchera jamais de recevoir des compliments enflammés le jour suivant. Tel est le fil sur lequel nous marchons jour après jour, roman après roman, rencontre après rencontre. Et croyez-moi, vous vous débrouillez bien mieux que vous ne vous en donnez le crédit.
Allez, haut les coeurs ! Et un café pour la route. Ou un thé. Une orangeade ? Faites comme chez vous, de toutes façons...C'est le cas. Vous êtes à la maison.
Merci pour ces saines paroles, merci aussi pour ce que jai appris (le paragraphe sur les dysphories)
RépondreSupprimerUn article ultra quali, comme d'hab !