FOCUS : JE ME LANCE DANS L'ÉCRITURE (et je crois que ma santé mentale va en prendre un coup)

 






De toutes les décisions intimes que l'on peut prendre dans une vie, rares sont celles qui ont l'intensité de la décision d'écrire son premier roman. Même avoir des Schtroumpfs, ça demande au moins deux personnes et parfois, le Schtroumpf arrive par surprise. Alors que se mettre tout.e seul.e devant son écran ou sa feuille de papier et décider de raconter une histoire, des histoires, l'histoire des autres, celles qui ne peuvent exister que dans son imagination, voire sa propre histoire, ça demande du courage, de l'abnégation, une force mentale sidérante, et une bonne tranche de folie. Entre dingues, on va s'entendre. Voici un petit guide en quelques points pour garder les pieds sur terre tout en ayant la tête (un peu) dans les étoiles. 


  • Je dois être complètement cinglé.e pour faire ça
Eh ben non ! Après la crise du COVID et le temps libre imprévu tombé sur le coin du museau du monde entier, beaucoup de remises en questions se sont imposées, et l'envie de coucher ses pensées sur le papier s'est faite oppressante pour beaucoup d'entre nous. 



Pourquoi donc ? Les motivations sont vastes, mais celles qui reviennent le plus sont une passion pour l'écriture, un amour pour les belles histoires, une envie de laisser une trace de son passage sur terre...Parfois même des ambitions de best-seller. En clair, ami.e lecteur, lectrice, lectaire, toutes les raisons existent et ce sont toutes de très bonnes raisons

  • Et si je ne suis pas né pour écrire des histoires ? 
Ça, c'est la voix de nos critiques internes. Il faut s'imaginer un genre de patate qui parle : c'est moche, c'est méchant, c'est parfois même violent, souvent lié à nos insécurités, et surtout, ça ne se tait jamais. On peut arriver à le calmer dans sa virulence, mais personne n'a jamais réussi à le mettre sur mute. 



Alors, que faire ? 

Le premier élément, c'est de prendre conscience que toutes les histoires méritent d'êtres racontées, parce qu'elles ont beau ressembler à d'autres, elles n'ont jamais eu votre perception, votre vision, votre patte et vos émotions. Prenons par exemple un des genres les plus populaires depuis de nombreuses décennies : la romance (alors oui, je vous vois venir, oui mais moi je veux écrire de la SF, ou un thriller, ou du théâtre...On se tait et on écoute, l'exemple est valable pour tous les genres). Il existe des codes, des tropes (grandes lignes scénaristiques), des grandes lignes similaires chez tout le monde, et pourtant, on continue d'acheter, d'emprunter, de lire de la romance même si toutes les histoires semblent avoir été racontées. En fait, un peu comme la mode, la littérature est un cercle qui se renouvelle perpétuellement. 

En clair : votre histoire mérite d'être racontée, même si vous avez l'impression de faire du déjà vu. Ce n'est pas le cas. Une seule nuance, la vôtre, peut tout changer. 

  • Bon, d'accord, mais comment je me lance ? 
Alors là, vous êtes libres. Sur papier, sur ordinateur, sur son téléphone, sa tablette, un carnet, une machine à écrire (chanceux !) des feuilles volantes (avec pochette, hein, tout le monde n'est pas Colin Firth dans Love Actually)...
La façon de travailler est quelque chose de propre, et qui doit convenir à votre style de vie. Et il n'y a pas de méthode supérieure ou meilleure aux autres. Même si la logique tend à vous dire que travailler au stylo va prendre plus de temps, c'est souvent faux. Entre le moment où vous aurez écrit votre brouillon, et celui où vous allez le transposer sur un traitement de texte, vous aurez déjà maturé votre texte, et vous pourrez vous économiser une première reformulation. A contrario, si vous décidez de travailler votre texte directement sur un logiciel d'écriture (et certains sont fantastiques, mais on en reparlera plus tard), la relecture n'est pas systématique et parfois...On a des surprises ! Le vous du début de votre processus d'écriture, et le vous deux, trois, quatre semaines plus tard ne seront plus la même personne. 


  • A quoi je dois m'attendre, alors ? 
A de grandes émotions façon grand-huit pas tout à fait stable du parc d'attraction un peu douteux qu'on a tous rencontré au moins une fois. L'euphorie, d'abord, de se retrouver enfin face à son destin de plume. La trouille à l'idée de ne pas avoir les bons mots comme première phrase (spoiler : vous ne l'aurez pas, une première phrase de roman n'est jamais LA première phrase écrite). La frustration de ne pas réussir à dire exactement ce que vous cherchez à exprimer, souvent immédiatement suivi d'un immense soulagement quand les mots se débloquent. La terreur de la page blanche (et ça aussi, on en reparlera dans un prochain article) qui nous toise de sa hauteur. La jubilation d'arriver à saisir ses personnages, la colère quand ils prennent des décisions indépendantes (et ça vous arrivera, parce qu'un personnage crée de toute pièce, ça a un foutu sale caractère). La confusion quand il faut tirer des fils narratifs et en oublier sur le bas-côté (on l'a tous fait). La rage pure quand arrivera cette étape tragique du bug qui va effacer tout un fragment de votre boulot (et on ne fait cette erreur qu'une seule fois, FAITES DES BACKUP, BEAUCOUP ET TOUT LE TEMPS). L'incertitude inhérente à l'avancée de votre histoire et l'impression de n'aller nulle part. Des larmes, parfois, des fou-rires, de la peine pour ces pauvres protagonistes qui en prennent plein les dents, parfois même des envies de meurtre sur ceux-ci. 


Au final, vous pouvez vous attendre à tout le spectre des émotions humaines à tour de rôle, sans logique, dans une spirale infinie. On vous avait prévenu.e.s, écrire, c'est un tour de force. Rien que pour cela, vous pouvez être fièr.e.s de vous. 

  • Et comment je vais pour créer mes personnages ? Mon intrigue ? Et mon style ? Et mes descriptions ? Et...Et...
Et on respire un grand coup. Voilà, on prend une grande inspiration, on bloque une...Deux...Trois...Quatre...Cinq...Six secondes, et on relâche. Vous venez de faire une crise de panique de plume, c'est très commun, on n'en meurt pas. Enfin, pas vraiment.




La première chose à faire, c'est lire. Lire tout, lire tout le temps, lire beaucoup, lire sans arrêt. Et c'est le conseil le plus célèbre et le plus élimé donné à tout aspirant auteur, mais...Ben, c'est vrai. Ça marche. La lecture va vous permettre d'agrémenter votre vocabulaire, de découvrir des tournures de phases inconnues, d'enregistrer les (bonnes) applications de la ponctuation, d'affiner votre style. Lire, c'est aussi un peu (beaucoup) écrire ! 

Ensuite, dans les semaines et les mois qui viennent, on va parler des éléments qui font un récit et vous donner des tips. Vous n'êtes jamais seul.e.s ! La communauté des lectaires est vaste, complexe et composite, et il y a toujours une petite oreille bienveillante pour venir vous soutenir. La mienne, par exemple. 


Alors, on se détend, on se complique pas l'esprit, et c'est parti pour de grandes histoires. Lundi prochain, on parle création de personnages et exercices pour s'entraîner. 

Promis, ça va bien se passer. 

Ellexa 






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