Chronique : YVES ROZIER / Seth Et Le Garçon-Sirène (BOOKFLUENCER)

Un petit bijou. 


On lit l'histoire de Seth comme on peut tomber amoureux : les premières pages sont des pages de séduction et de flammes qui s'allument, puis très vite on bascule et on ne parvient plus à lâcher le roman. Le style de l'auteur est façonné avec un mélange de phrases simples comme des uppercuts, et de phrases complexes, poétiques, qui viennent mettre du baume sur les coups. C'est beau, triste, ça prête autant à sourire qu'à pleurer. On mesure l'immensité de la tragédie du VIH, et celle sans vaccin ni traitement de l'homophobie, et toutes les petites interstices entre deux dans lesquelles Seth va tenter de se construire, se déconstuire, se reconstruire, et subir tous les affres de l'amour quand il est menacé. La façon dont l'auteur articule l'ouvrage, autour d'une chronologie des évènements autour du sida, et des étapes de l'amour, en dit long sur le contenu, et permet de placer un contexte brut, difficile, mais teinté de l'espoir qui va avec les avancements de la médecine et le recul sur la maladie. C'est une idée très riche, surtout parce qu'elle n'est pas emballée dans du papier rutilant. Elle est moralement neutre, factuelle, médicale, presque, et c'est ce qui la rend si efficace. Ce roman est aussi beau et paradoxal que l'amour peut l'être, et il ne peut pas laisser indifférent. Un vrai bonheur, malgré les larmes qui ont accompagné certaines pages.

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